Le Canada se hisse à la tête des pays ayant le plus fort taux de croissance de ls dette privée. Le risque de crise financière est de ce fait d’autant plus élevé dans ce pays que les emprunteurs sont peu solvables.
Voici une place dont le Canada aurait bien pu se passer, c’est bien celui-ci. Pour la première fois de son histoire, le pays connaît une croissance de sa dette privée supérieure à tous les autres pays développés.
En fait, le pays est seul qui pourrait connaître une crise financière du fait de la vulnérabilité de ses emprunteurs, comme l’explique un nouveau rapport provenant du Canadian Centre for Policy Alternatives (CCPA).
La dette privée est composée principalement de la dette des entreprises et des consommateurs. Elle ne comptabilise ni la dette publique ni la dette du secteur financier. La dette privée a augmenté d’un trillion au Canada depuis 2011, d’après David Macdonalds, économiste au CCPA. Si la dette privée a autant augmenté c’est, d’une part, en raison de l’endettement des ménages qui a augmenté de 315 milliards (principalement des emprunts immobilier) ; et d’autre part, en raison des emprunts des entreprises.
Pour la première fois, le Canada voit sa dette privée croitre plus vite que n’importe quel des 22 autres pays développés étudiés. Selon Macdonals, la pire position que le Canada ait eue en termes de croissance de la dette privée, remonte au début des années 1990 lorsque le pays occupait la troisième position, peu avant la chute puis la stagnation pendant 10 ans des prix de l’immobilier.
« Si le taux de croissance de notre dette privée ralentit, même légèrement, cela entrainerait
immédiatement des conséquences démesurées sur notre économie et notre marché d’actifs »
explique le rapport. « Le Canada est actuellement le seul pays avancé à faire face à ce danger
».
Le CCPA n’est pas la seule institution à pointer du doigt le risque de crise de la dette du
Canada. D’autres institutions comme la Banque des Règlement Internationaux (BRI), une
sorte de « banque centrale des banques centrales », a fait le même constat alarmant plus tôt
dans l’année à propos du Canada.
La BRI s’est intéressée aussi bien aux pays développés qu’aux pays les moins développés et en a déduit que le Canada était le second pays, après la Chine, à avoir le risque de crise financière le plus élevé.
Les autorités ont effectivement tenté de lutter contre la hausse des emprunts immobiliers mais elles n’ont pas assez prêté attention à la croissance rapide des emprunts des entreprises, explique Macdonalds dans son rapport.
« Cette forte hausse de la dette des entreprises s’explique essentiellement par des achats de locaux et par des fusions-acquisition.... Cet endettement a très peu servi à augmenter la productivité du pays, celas’apparentait davantage a de la spéculation »
Macdonald estime que débarrasser le Canada de son endettement devrait être « notre
principale préoccupation en matière de politique publique ».
Il suggère des mesures plus fortes pour faire baisser le marché du logement que celles qui ont
déjà été mises en œuvre.
La taxation des acheteurs étrangers à Toronto et à Vancouver « va dans la bonne direction »,
Macdonald appelle égalemennt les gouvernements à mettre en place une « taxe de spéculation
» de 20% sur les maisons vendues dans l'année suivant leur dernier achat.
« L'utilisation de la dette des entreprises à des fins spéculatives, en particulier sur les fusions
et sur l’immobilier, fut très peu étudiée et les méthodes pour la maîtriser méritent une étude
plus approfondie », a ajouté le rapport.