La dette de l’Irlande atteint de nouveau record et dépasse même son niveau de 2007. Avec la fin de la politique d’assouplissement quantitatif prévue par la Banque Centrale européenne, les difficultés du pays risquent de s’intensifier.
Jusqu'à quel point l’Irlande est-elle endettée? Selon le Ministère du Trésor irlandais (NTMA) la dette du gouvernement atteint en 2016 200 millions d’euros, soit quatre fois plus que son niveau de 2007 avant que la crise ne frappe et que le système bancaire ne s’effondre. Cela équivaut à une dette de 42 000 euros par personnes contre 24 000 euros en moyenne pour les 28 pays membre de l’Union Européenne. La dette en proportion du PIB a fortement diminué au cours des quatre dernières années pour arriver à 75% du PIB, alors qu’elle était de 123% il y a quatre ans. Mais cela a été, en grande partie, dû à un bond généralisé de la croissance du PIB en 2015, lorsque le PIB irlandais a augmenté de 26% (cette statistique a amené l'économiste Paul Krugman a qualifié l’Irlande d’«économie du farfadet», ce qui n’est pas un compliment). D’autres indicateurs cependant montrent que l’endettement du pays reste excessivement élevé prouvant que le PIB est un indicateur trompeur non seulement pour un pays, mais pour l’économie en général. Le chiffre le plus surprenant celui de la dette des administrations publiques : elle représente 275% des recettes des administrations publiques, contre 165% pour les 28 états de l’union.
Les taux d’intérêt représentent 8% des recettes de l’état, deux fois plus que pour les pays membres de l’Union Européenne. Conor O’Kelly, directeur de NTMA, a déclaré que les investisseurs regardaient ces mesures du niveau d'endettement de l'Irlande au moins aussi étroitement que la mesure de la dette par rapport au PIB, qui est habituellement la mesure la plus suivie. Les dernières données concernant la dette irlandaise tombe au moment où le gouvernement de centre-droit minoritaire fait face à une pression importante de la part de lobby pour l’allocation du budget.
Des demandes pour plus d’infrastructures publiques, pour une réduction du taux marginal de l'impôt sur le revenu et pour une rémunération plus élevée pour les fonctionnaires après presque d'une décennie d'austérité.
Mais Paschal Donohoe, ministre des finances, a continué de mettre en garde en indiquant que "la dette du pays reste dans l’absolu élevée et qu’il faut continuer à lutter jusqu’à atteindre à des niveaux plus soutenables ». Pourtant, il n’y a pas que des mauvaises nouvelles de la part de la NTMA.
O'Kelly a déclaré que la gestion de la dette avait porté les besoins de refinancement de l'Irlande de 70 milliards à 40 milliards d'euros entre 2017 et 2020. L’échéancier de la dette irlandaise a été étendu à 11 ans alors qu’il est généralement proche de sept ans dans l’UE. M. O'Kelly a déclaré qu'il était "très confiant" concernant la facture des intérêts annuelles pour la dette irlandaise car cette dernière sera inférieure à 6 milliards d'euros d'ici 2020, contre 9 milliards pour l'exercice 2014.
La grande incertitude qui pèse sur la dette irlandaise concerne les taux d'intérêt de la zone euro, car bientôt, la Banque centrale européenne décidera de mettre fin à son programme d'assouplissement quantitatif. Au cours de cette phase de QE, l'Euro système (BCE et ses filiales nationales) détenaient jusqu’à présent 40% de la dette irlandaise, selon les données de la NTMA. Une des conséquences de la fin du QE est que l’un des plus grands acheteurs de dette irlandaise cessera d’en acheter. "Ainsi, le marché ne sera pas ouvert tout le temps", a déclaré M. O'Kelly. Cela pourrait changer le comportement des émetteurs comme la NTMA, avec la perspective de petites enchères, plus d'émissions syndiquées, et peut-être une ou deux enchères manquée si les marchés sont particulièrement secoués.
Source : FinancialTimes