Jim Rickards nous dévoile son opinion au sujet de la crise économique qui s’annonce en Chine.
La prochaine crise du crédit en Chine n'est pas un secret.
La Chine a des créances irrécouvrables de plusieurs milliards de dollars qui attendent d'exploser. Ces mauvaises créances pénètrent l’économie.
Certaines sont occasionnées par les autorités provinciales chinoises, qui tentent de contourner les restrictions de dépenses imposées par Beijing. D’autres sont de simples prêts commerciaux inscrits au bilan des banques ; ou encore des dettes libellées en dollars et détenues à des créanciers étrangers.Mais le plus dangereux restent les dettes que s'échangent entre elles une myriade de sociétés insolvables sous forme de “daisy chain”.
Par exemple une seule avance en espèces de 100 millions de dollars peut être transférée d'une société à une autre en échange d'un nouveau billet à ordre, utilisé pour éteindre un ancien billet impossible à rembourser. Répétés de manière régulière, les 100 millions de dollars peuvent être utilisés pour soutenir 1 milliard ou même 2 milliards de dollars de créances irrécouvrables.
Ce genre d'astuce comptable vous mènera en prison aux États-Unis, mais c'est une pratique acceptée en Chine tant que le chef d'entreprise est un "princeling" (un membre du Parti communiste venant de la vieille garde) ou un oligarque prêt à verser des pots-de-vin.
Cette situation existe depuis des années. La question que les investisseurs se posent est: «Combien de temps ça peut durer?" Pendant combien de temps la Chine peut-elle continuer à cacher une mer de créances irrécouvrables et donner à l'économie chinoise l’apparence d’être en bonne santé?
La réponse, est que ce type de Ponzi ne durera plus très longtemps. Jusqu’alors complaisantes les autorités chinoises de réglementation commencent à dénoncer ces pratiques. La bonne nouvelle, c'est que la Chine commence à s'attaquer au problème. La mauvaise nouvelle, c'est que si le pays prend au sérieux le règlement des mauvaises créances, leur croissance ralentira considérablement, tout comme la croissance économique mondiale.
C'est donc une mauvaise nouvelle pour les marchés boursiers mondiaux.
Le Pays a été le moteur de la croissance au cours des huit dernières années, en autorisant des crédits excessifs, des investissements d'infrastructure gaspillés, et des programmes Ponzi.
Les dirigeants chinois le savent, mais ils ont dû maintenir la croissance à une vitesse supérieure afin de créer des emplois pour des millions de migrants venant des campagnes vers les villes ainsi que pour maintenir les emplois pour des millions de personnes vivant déjà dans les villes.
Les leaders communistes chinois savaient que ce jour viendrait. Les deux façons de se débarrasser de la dette sont la déflation (qui se traduit par des pertes, des faillites et du chômage) ou l'inflation (qui se traduit par une perte de pouvoir d'achat, et à une augmentation des impôts).
Ces deux alternatives sont inacceptables pour les communistes car ils n'ont pas la légitimité politique de supporter le chômage ou l'inflation. Ce genre de politique provoquerait des troubles sociaux et libérerait un potentiel vent révolutionnaire.
Les manifestations et le massacre de la place Tiananmen en 1989 n'ont pas commencé comme un mouvement en faveur des libertés, bien que l'on s'en souvienne ainsi en Occident. C'était au départ une manifestation anti-inflationniste, et c'est comme cela que les communistes s'en rappellent.
Au lieu d’arriver à de tels extrêmes, les dirigeants chinois tentent de suivre une voie intermédiaire avec une réforme financière graduelle et des limites progressives sur les banques fictives. J'avais dit précédemment que cette politique graduelle ne fonctionnerait pas, parce que la situation du crédit est si extrême, que même une réforme modeste ralentirait l'économie trop rapidement pour être réconfortante.
C'est exactement ce qui s'est passé.
La Chine a déjà fait volte-face et assouplit ses réformes financières. Cela fonctionne à court terme, mais ne fait qu'aggraver la bulle du crédit à long terme.
Le pays pourrait bientôt avoir recours à une opération d'assainissement de la dette et d'une forte dévaluation de sa monnaie pour exporter la déflation vers le reste du monde. Lorsque cela se produira, peut-être plus tard cette année en réponse à la nouvelle guerre commerciale de Trump avec la Chine, les effets ne se limiteront pas à la Chine.
Une dévaluation importante du yuan sera un coup de feu entendu partout à travers le monde, comme il l'était en 2015 (les actions américaines avaient chuté de plus de 10% en quelques semaines). La guerre commerciale et monétaire est loin d'être terminée.
Préparez-vous à une plus grande volatilité et à des baisses de valeurs sur les actions américaines.
Jim Rickards.
Source:dailyreckoning.com
Traduit par BUNKER GROUP