Les politiques menées par les Banques centrales pour réduire le poids de la dette et relancer l’économie ne fonctiennent. Au contraire, elles ne font qu’aggraver les causes de la prochaine récession qui arrive.
Le produit intérieur brut (le PIB) se compose de quatre éléments principaux : la consommation, les investissements, les dépenses publiques et les exportations nettes. Mais, ces quatre éléments n’affectent pas tous la production de la même manière. La consommation est de loin la composante la plus importante : elle représente près de 70% du PIB.
Dans le dernier rapport trimestriel du ministère du commerce, le PIB annuel total des Etats
Unis était de 19 trilliards de dollars dont 13 trilliards de dollars pour la consommation, soit
68% du PIB. L'impact de la consommation va plus loin. Cette dernière a également un impact
sur l’investissement : si la consommation ralentit, l'investissement ralentit lui aussi. Les
entreprises n'investiront pas dans les bâtiments et les équipements lourds, sauf s’il existe une
demande de la part des consommateurs qui justifierait un investissement initial. Autrement dit
lorsque le consommateur attrape un rhume, le reste de l’économie est sous la menace d’une
pneumonie.
Et c’est vers quoi on se dirige. Les ventes au détail ont fortement diminué en raison de la
faible croissance des salaires, des inégalités de revenus et des menaces déflationnistes.
Dans le même temps, la confiance des consommateurs atteint le niveau le plus bas depuis le mois de Novembre et les dépenses de consommation ainsi que l’inflation ont connu un recul au mois de Mai. Comme si cela ne suffisait pas, la Fed crée de nouvelles difficultés avec son nouveau programme de resserrement quantitatif, ou « QT » (augmentation des taux d’intérêts et réduction de la masse monétaire). Avec un marché boursier atteignant sans cesse de nouveaux sommets et une économie réelle en perte de vitesse, on peut s’attendre à une sévère correction des marchés financiers sous peu.
Comment en est-on arrivé à cette situation ?
Au cours des sept dernières années, les principales banques centrales ont créé plus de 15
trilliards de dollars de liquidité, principalement grâce à des achats d'obligations d'État.
Ces programmes se nomment QE1, QE2 et QE3 aux États-Unis, Euro-QE en Europe et QQE
(assouplissement quantitatif et qualitatif) au Japon. Tous ces programmes ont échoué non
seulement à créer une croissance stable mas aussi à atteindre les objectifs d'inflation fixés à
2% fixés par ces banques centrales.
Nous n'avons pas eu beaucoup d'inflation sur les prix à la consommation, mais nous avons eu
une énorme inflation sur le prix des actifs financiers. Les liquidités créées doivent aller
quelque part. Au lieu de courir après les biens, les investisseurs ont préféré courir après les
rendements.
Pourtant, le marché boursier et le marché des obligations envoient aujourd'hui deux messages différents. Le Dow Jones se situe à plus de 21 500 pour la première fois depuis des lustres. Et le S&P a atteint de nouveaux records moins de trois jours après la hausse des taux de mercredi dernier. En attendant, le Nasdaq continue sa course au record. Les places boursières semblent enregistrer de nouveaux records chaque jour. Si la Fed augmente les taux dans le but d’éviter une bulle financière, alors cela ne semble pas fonctionner.
A l’inverse, le marché obligataire raconte une toute autre histoire. Le rendement des obligations du Trésor à 10 ans est passé de 2,4% à la mi-mai à 2,16% aujourd'hui. La chute des rendements suggère l’affaiblissement de la croissance ou même une récession à venir, tout le contraire de ce que disent les marchés financiers.
Les rendements des obligations diminuant à cause d’une déflation qui contrecarre les plans de la Fed pour ranimer l'économie signifie t-il que les places boursières doivent enregistrer des records ? Si les rendements des obligations signalent une récession, doit-on vraiment renchérir les prix sur les places boursières comme le suggère la théorie de la « parité de rendement »? Ce comportement défie à la fois le bon sens et l'histoire économique, mais c'est exactement ce que nous voyons sur les marchés aujourd'hui.
La situation est si inquiétante que, très rapidement, l'impuissance des banques centrales et la
crise imminente entrainera la chute des places boursières. La baisse sera très forte, peut-être
30% ou plus en quelques mois. Il vaudrait mieux ne pas détenir trop d’actions lorsque cela
arrivera. Et cela vaut également pour d’autres actifs risqués comme l'immobilier résidentiel,
l'immobilier commercial, les marchés émergents, les obligations spéculatives et plus
encore…. Il suffit d’un seul accident sur un marché pour que tous les autres soit contaminés.
Les deux dernières crises mondiales de liquidité ont été celle de 1998 (causée par la crise des
monnaies des pays émergents, la Russie et la gestion du capital à long terme) et celle de 2008
(causée par des prêts hypothécaires subprimes, Lehman Brothers et AIG).
Une autre panique de liquidité moins importante s’est produite en 2010 en raison de la
mauvaise gestion de la dette souveraine au Moyen-Orient (Dubaï) et en l'Europe, (Grèce,
Chypre et la périphérie européenne). Dans les trois cas, l’émission de liquidité supplémentaire
par la banque centrale et les plans de sauvetages du gouvernement et du FMI ont été suffisant
pour rétablir le calme sur les marchés. Mais ces sauvetages ont eu un coût élevé. Les banques
centrales ont aujourd’hui peu de marge pour faire face à une éventuelle une crise à venir, et
ce, même avec la récente remontée des taux de la Fed. C'est la raison pour laquelle la Fed
souhaite tant faire remonter ses taux, afin de pouvoir avoir des marges de manœuvre pour
baisser les taux en cas de nécessité. Mais en augmentant les taux dans une économie peu
dynamique, la Fed pourrait provoquer la crise qu'elle tente désespérément d'éviter. Cela
semble donc une stratégie insensée mais c’est celle adoptée par la Fed.
Pendant ce temps, les contribuables se révoltent contre des plans de sauvetage dont ils ne veulent plus et les gouvernements du monde entier connaissent une polarisation politique. Il n'y aura tout simplement aucune volonté ni capacité politique de faire face à la prochaine récession lorsqu’elle frappera l’économie. Avec les banques centrales du monde entier faisant tout leur possible pour provoquer l'inflation (QE, ZIRP, NIRP, monnaie hélicoptère, les guerres des monnaie, forward guidance, etc.), quelles confiance pouvons nous leur accorder sachant que l’inflation continue de chuter malgré les politiques qu’elles mènent ?
Les risques systémiques sont clairs. Le monde se dirige vers une crise de la dette souveraine
en raison d'une dette trop importante et d'une croissance insuffisante. Le déclin de la
productivité est le dernier clou du cercueil en termes de capacité des pays à faire face à la
dette.
L'inflation aiderait à diminuer la valeur réelle de la dette, mais les banques centrales ont
montré leur impuissance à la générer. Aujourd’hui, les banques centrales sont face à une
perspective de récession et/ou de déflation et savent qu’elles disposent de peu d’outils
politiques pour l'empêcher.
Le maintien des taux faibles n’a pas provoqué d'inflation mais a créé des bulles sur les actifs qui menacent à présent d’exploser et de déclencher une panique financière. Lorsque la panique financière se fera sentir (pénurie de liquidité ou des bulles sur certains actifs), les investisseurs n'auront aucune confiance dans la capacité des banques centrales à la résoudre. Contrairement à 1998 et 2008, la panique suivante sera imparable sans mesures extrêmes pour éviter toute ruée bancaire. : (émission monétaire du FMI, blocages de banque et des fonds du marché monétaire, loi martiale pour rétablir l’ordre).
Vous devriez avoir de l'or et d'autres actifs pour faire face à cette tempête.
Un signe que les investisseurs ressentent l’approche d’une crise est l’explosion de la demande
de coffres-forts privés dans les grands centres financiers comme Londres et Francfort. Il y a
beaucoup de coffres bancaires sécurisés dans ces villes mais les investisseurs recherchent des
solutions hors du système bancaire car ils savent qu’en cas de crise ils ne pourront pas faire
confiance à la banque. La demande est tellement forte qu’il n’y a plus de coffres privés
disponible.
Le second signe est que les investisseurs ne font pas confiance aux banques.
Enfin, les investisseurs achètent de l'or pour se protéger, car il s’agit d’un actif physique que
les individus peuvent mettre dans leurs coffres forts privés.
N’attendez pas la panique de la crise pour mettre votre or en sécurité ou chercher des lieux de
stockage sécurisés. Il est temps d'agir.
Il faut diversifier vos placements et ne pas tout placer même si c’est sur l’or.
Ainsi vaut mieux détenir de l'or maintenant, avant la prochaine crise. Elle pourrait arriver plus vite que vous ne le pensez.
Cordialement,
Jim Rickards
Pour The Daily Reckoning
Source : The Daily Reckoning